L’abeille noire a trouvé refuge à Ouessant

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Elle avait presque disparu en France : l’abeille noire a trouvé refuge sur l’île d’Ouessant, préservée du parasite varroa et des insecticides agricoles. Le conservatoire associatif de cette espèce indigène est devenu aujourd’hui la base de reconquête du continent.


 Nous sommes en 2011 après Jésus-Christ. Toute la Bretagne est occupée par le varroa, un acarien parasite de l’abeille… Toute ? Non ! Car une île peuplée d’irréductibles abeilles noires résiste encore et toujours à l’envahisseur venu d’Asie. Cette île, c’est Ouessant.
 

Deux premières ruches en 1978
 

Les 18 kilomètres qui la séparent du continent empêchent toute intrusion extérieure. Elle abrite 150 ruches de l’apis mellifera mellifera. Les deux premières ont été importées par Georges Hellequin en 1978. Cet apiculteur amateur a prélevé des spécimens sauvages dans les monts d’Arrée en vue de leur préservation.

 « L’abeille noire est une espèce indigène, adaptée à la flore locale et à l’été plus court qu’ailleurs. Elle récolte le nectar plus rapidement que les autres abeilles, sortant plus tôt le matin et rentrant plus tard le soir. Elle consomme aussi moins de miel en hiver », explique Jean-Luc Hascoët, apiculteur salarié du conservatoire de l’abeille noire bretonne d’Ouessant, créé en 1989.  Les recherches menées par le CNRS sur l’ADN de l’abeille d’Ouessant a établi une pureté à 100%, un taux unique au monde.

 Chaque année, des centaines de reines élevées sur l’île, et entre 50 et 100 ruchettes sont expédiées à des apiculteurs amateurs et professionnels en France et en Europe, pour lutter contre l’hécatombe qui frappe 30 à 80% de leurs ruchers depuis cinq ans. « La très forte mortalité des abeilles continentales est liée aux insecticides systémiques utilisés massivement par l’agriculture intensive », estime Jean-Luc Hascoët. A Ouessant, la seule exploitation agricole existante est bio.

Repeupler la Bretagne

Progressivement, l’abeille noire repeuple la Bretagne, sa région d’origine, avec un taux d’hybridation de 2% à 12% près de Nantes. Le conservatoire reçoit une subvention du conseil régional et bénéficie depuis 2010 d’un mécénat avec une grande firme cosmétique, qui utilise le miel d’Ouessant pour certains de ses produits. L’association peut aussi compter sur l’adhésion de ses 200 membres et de ses visiteurs.

L’apis mellifera mellifera est depuis 2008 l’une des «Sentinelles » de l’organisation internationale Slow Food, qui  lutte contre la standardisation du goût et fait campagne en faveur de la biodiversité.

 

RAPHAËL BALDOS    

Contact :
Association pour la conservation et le développement de l'abeille noire bretonne

Le Stiff   29242 OUESSANT

http://abeillenoireouessant.fr (site en construction)

 

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