En été, les jeunes saumons remontent les rivières qui les ont vu naître, après une année dans l’Atlantique Nord… jusqu’au Groenland. Ce poisson migrateur est un formidable indicateur de la qualité des eaux.
Le saumon, un migrateur fragile
La Bretagne est l’une des cinq régions françaises encore fréquentées par le saumon atlantique. Ce poisson, qui retourne dans sa rivière natale après avoir vécu un an dans l’océan, est aujourd’hui menacé.
Réchauffement climatique, pollution de l’eau, envasement des frayères, construction de barrages… Le XXe siècle a été une période de tous les dangers pour le saumon atlantique (salmo salar). Ce poisson appelé amphihalin anadrome, parce qu’il se reproduit en rivière et va s’engraisser en mer, a disparu de nombreux rivières de France.
"Il était présent partout"
« Il était présent sur tous les cours d’eau de la façade atlantique mais aujourd’hui, il ne colonise plus naturellement que ceux de Bretagne, de Normandie, de l’axe Loire-Allier et du bassin Adour-Nivelle », explique Jean-Luc Baglinière, directeur de recherches à l’Inra (UMR 985 Ecologie et santé des écosystèmes). Une étude du WWF de 2001 a montré que le stock de saumon avait chuté de 75% en 20 ans. Il est aujourd’hui protégé par l’Union européenne, qui l’a inscrit à l’annexe II de la Directive habitats.
Pour connaître les niveaux d’abondance de ce poisson en France, l’Ira utilise des rivières de référence et l’observation des écailles. « L’écaille se comporte comme un véritable enregistreur de l’histoire de vie de l’individu et permet d’en estimer l’âge et la croissance », souligne Jean-Luc Baglinière.
Le saumon atlantique peut vivre jusqu’à quatre ans à six ans et mesurer plus d’un mètre, notamment dans des fleuves du nord de l’Europe. Il revient à sa rivière natale, après avoir passé un an, parfois plus, en mer. Il cherchera ensuite à regagner les frayères, des zones aux fonds caillouteux, pour s’y reproduire.
Suivre leurs migrations
En 2009, un barrage a été construit sur le Couesnon, l’un des fleuves bretons encore fréquentés par les saumons. L’ouvrage vise à redonner un caractère maritime au Mont-Saint-Michel, rattrapé par la « poldérisation ». Le barrage a été équipé de deux écluses à poissons. Pour mesurer son impact sur les saumons, le Syndicat mixte Baie du Mont-Saint-Michel a fait installer en 2010 un sonar pour repérer, pendant cinq ans, le passage des poissons. Cette étude permettra de suivre leurs migrations.
« L’amélioration des conditions de circulation, de la qualité de l’eau et des habitats reste la première mesure à mettre en œuvre avant tout repeuplement », observe Jean-Luc Baglinière. Ces mesures ont ainsi permis un premier retour du saumon dans la Seine, qui avait disparu depuis plus d’un siècle.
RAPHAËL BALDOS
Contact :
Jean-Luc Baglinière Tél. 02 23 48 54 44
Jean-Luc.Bagliniere@rennes.inra.fr